La fin du courage, un tremplin pour la vie ! Rencontre avec Cynthia Fleury

  • 27 Octobre 2016
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Que faire quand on a la sensation de tout échouer ? Comment retrouver son énergie et sa motivation quand on ne trouve plus le courage ni la force de rebondir ? Dans son essai « La fin du courage », la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury* extrait de sa pratique clinique, au cœur des souffrances, les fondements de sa réflexion philosophique. Brillante et engagée, la chercheuse humaniste était récemment l’invitée de la Fondation Benoît, qui aide des jeunes en dérive à trouver leur voie pour développer un projet de vie. Voici quelques pistes concrètes qu’elle nous propose de suivre pour retrouver son courage à chaque fois que cela nous est nécessaire :  

1. Accepter les cycles de la vie 

La vie n’est pas une histoire linéaire, mais une succession de cycles, de hauts et de bas, auxquels nous avons la faculté de nous adapter. En prendre conscience, accepter les bas comme on se réjouit des hauts, et faire de chaque échec une expérience, sont des étapes essentielles vers la guérison et l’évolution.  

2. S’arrêter de chuter

« Il n’y a pas de courage sans découragement » Quand on se trouve dans un cycle infernal de dépression, il faut un moment que ça s’arrête. Et si on se sent seul, avec le sentiment d’être dépourvu de toute ressource, pour éviter de disparaître totalement, il est primordial de chercher du soutien à l’extérieur. Que ce soit l’appui d’un ami, d’un membre de la famille, un thérapeute, ou même d’un auteur, par un livre qui nous touche et nous fait voir les choses sous un angle nouveau,… Quel que soit le recours ou l’événement, pour autant qu’il nous permette de prendre conscience de la nécessité de se ressaisir et qu’il sème le désir de se prendre en mains.  

3. Etre acteur de son quotidien

Dans un monde qui nous oblige à faire quantité d’actes dont nous désapprouvons les principes, la notion de courage est essentielle à mobiliser, tant dans nos vies personnelles, que dans la société en général. Ne pas accepter de se laisser instrumentaliser, dénigrer, réduire à un objet, refuser de laisser sa vie être régie par les diktats extérieurs… sont autant d’actes de courage nécessaires à l’épanouissement.  

4. Retrouver sa dynamo intérieure 

Il n’y a pas une seule façon, une seule recette, un seul chemin pour résoudre les souffrances de tous. La reconquête de l’énergie est une conjonction de facteurs internes et externes, propres à chaque personne, chaque situation. Mais lorsqu’une personne qui chavire s’en rend compte et se tourne vers ce qui a du sens et est bon pour elle, le travail de guérison peut s’enclencher. Le courage est de cette manière le premier outil de protection, même si on aurait plutôt tendance à imaginer le contraire, que c’est justement lui qui nous projette dans de multiples galères ! Eh bien non, le courage nous invite à agir, à être quelqu’un qui fait, et qui va vers ce qui a du sens pour lui.  

 5. « Devenir courageux » : la plasticité du courage

On ne naît pas courageux. Le courage  est accessible à tous, il se cultive, se développe, et peut prendre des formes différentes. A certains moments, il s’agira de continuer à endurer, de tenir bon (comme un sportif en entraînement, par exemple). A d’autres : de claquer la porte, dire non,… ce n’est pas la même chose. Mais en refusant, jour après jour, de refuser l’inacceptable, c’est-à-dire, ces petits et grands compromis au détriment de soi, de ses valeurs, en refusant de devenir un objet interchangeable au service des intérêts qui nous gouvernent, nous redevenons capables d’exister au monde. Le courage engendre la vitalité.  

6. Lutter pour gagner ?

Non, justement, le résultat n’est pas une finalité en soi, même si cela peut paraître étonnant dans une culture de l’intérêt (personnel, de la famille, du groupe ou de l’état). Si un combat est remporté, tant mieux ! Mais l’important est de tout faire pour le gagner, peu importe le résultat, car celui-ci dépend de conséquences qui nous échappent, et on ne peut pas tout contrôler. Par contre, on peut agir sur ce qui dépend de soi. Ainsi, un combat suffit en lui-même, pourvu qu’il ait du sens.  

7. Participer à l’effort commun

Chaque combat mené individuellement, même face à l’échec, contribue à une victoire plus tardive de quelqu’un d’autre. Nous travaillons ainsi ensemble à une victoire de l’éthique, même si nous-mêmes, nous avons échoué. L’échec n’existe pas, c’est l’énergie de l’action qui est en jeu.   *Cynthia Fleury est aussi chercheur à l'Institut des sciences de la communication du CNRS, enseignante à Sciences Po et professeur associé à l'American University of Paris, spécialiste des "pathologies de la démocratie". En attendant la vidéo que nous avons réalisée lors de notre entretien, voici l’intégralité de sa (vivifiante !) conférence pour la fondation Benoît    À lire : « La fin du courage » de Cynthia Fleury, Poche.